Anyone who lives within their means suffers from a lack of imagination.

Oscar Wilde

lundi 28 mai 2012

Remonter le temps

                                                         


La voix qui raconte ce souvenir  est chenue mais la mémoire est vive.
Le poète Paul Fort était présent à l'enterrement d'Oscar Wilde, au cimetière des Bagneux, et son  récit enregistré est exceptionnel car il y a très peu d'exemples de personnes contemporaines de Wilde qui aient aussi directement parlé de lui ou de son entourage.
Son témoignage est surtout marquant par ce qu'il dit de l'état dépressif  de Lord Alfred Douglas et de ses pulsions suicidaires.
Pulsions qui n'ont rien de surprenantes quand on connait un peu le personnage et l'intensité du lien qui le liait à Wilde.

Charles Danzig
Il s'agit d'un souvenir, forcément subjectif et sélectif, mais qui nous est une occasion unique de remonter le temps.
Merci au wildien  Charles Danzig  d'avoir fait découvrir ce document rare dans un épisode de sa série d' émissions de radio France, Le Secret Professionnel  consacré à Oscar Wilde


Écouter en cliquant sur la vidéo

Click on the video to listen to an exceptional vocal testimony about Oscar Wilde :

Paul Fort 1928
The voice  is hoary but  the memory is still lively.The poet Paul Fort was present at the funeral of Oscar Wilde, in the cemetery of Bagneux, and his registered narrative is exceptional because there are very few examples of contemporary persons of Wilde who  directly spoke about him or about his  friends. His testimony is especially striking by what he states about  Lord Alfred Douglas' depressive state ande suicidal drives.
Drives which have nothing surprising considering his character and the intensity of the link between him and  Oscar Wilde.
It is merely a personal souvenir, necessarily subjective and selective, but it provides us unique  opportunity to  step back in time.
Many thanks to wildean Charles Danzig for having made public this rare document in an episode of his serie of radio broadcasts , Le Secret Professionnel, dedicated to Oscar Wilde.
(in French only)

Véronique W

A wildean doll



Sarah Faber, alias Black Eyed Suzie, crée des poupées délicates et mélancoliques. Son travail m'est une constante source d'inspiration.
Elle est aussi wildienne et a  fait d'Oscar un personnage qui entre à ravir dans son monde
fragile et décalé.

Sarah Faber, alias Black Eyed Suzie, creates delicate and melancholic dolls. Her work means for me a constant source of inspiration.
She also belongs to the wildean world, as she loves Wilde and has made of Oscar a literary character who enters delightfully in her fragile and poetic world.

More about Oscar Wilde doll
Visit Sarah's website

V.W



Avant...

Le sphinx dans sa pureté originale, avant que  "la folie des baisers"  ne le tatoue et ne ronge sa pierre. Et qu'il ne soit mis sous globe, comme un nouvel exil.

The  sphinx in its original purity, before " the madness of the kisses " tattoos it and  eats away at the stone. Condemning it to a new exile behind walls of glass.

V.W
photo : library of Congress

mardi 22 mai 2012

Joy Shannon, queen Mab

 


Le projet de Joy Shanon, quand elle a écrit sa thèse sur Oscar Wilde, "The first counter culture celebrity" était autant une réflexion sur la tournée américaine de  Wilde en 1882 qu'une mise en parallèle  avec la "contreculture" contemporaine. C'était aussi un biais pour parler de son propre itinéraire artistique, elle est musicienne et plasticienne, et de la manière dont Oscar Wilde l'a aidé à se réaliser.
Délicate et celte jusqu'au bout de sa harpe, Joy ressemble à la reine Mab, chère à Shakespeare, Shelley  et à Wilde,  qui était familier de la compagnie des fées et des sorcières du folklore irlandais.

Le site de Joy Shannon

Joy Shanon's project, when she wrote her thesis on Oscar Wilde, " The first counter culture celebrity " was as much a reflection on Wilde's American tour  in 1882 as a stake in parallel with the contemporary "contreculture". It was also a way to speak about her artistic journey, she is a musician and a true mixed-media artist and performer, and the way Oscar Wilde helped her to find her own path .

Delicate and celtic up to the end of her harp, Joy looks like queen Mab, dear to Shakespeare, Shelley and to Wilde, who was familiar of the company of the fairies and the witches of the Irish folklore.

Joy Shannon's website

samedi 19 mai 2012

L'Amazone, encore

 


Quelques images de la plus  wildienne des amazones, Nathalie Barney et de son fameux salons littéraire,  là où elle garda vivant l'esprit d'Oscar et la présence de sa nièce Dolly. Dolly sur laquelle je reviendrai plus longuement.

Some images of the wildean amazon, Natahlie Barney, and of her famous literary salon. Here she kept alive the spirit of Oscar and the presence of his niece Dolly.
Dolly on whom I will write more soon.

Read Danielle Guérin's article on Nathalie Barney

Yours truly, Oscar Wilde


Il existe peu de dessins d'Oscar Wilde, mais le peu que l'on découvre, au hasard d'une lettre ou d'une dédicace d'un programme lors de sa tournée américaine de 1882, comme c'est le cas pour ce petit autoportrait, ces quelques traits de crayons ou de plume que le temps n'a pas détruit montrent  un joli talent. Quand il disait que  dans sa jeunesse pensé à une carrière de peintre, Oscar Wilde ne posait pas...


There are few drawings of Oscar Wilde, but the  remaining ones we discover, at the end of   a letter or at a dedication of a program during its American tour of 1882, as  this small self-portrait,  show a genuine talent.  Obviously, when he said that in his youth  he had thought of a painter's career Oscar Wilde did not pose.

jeudi 17 mai 2012

The secret life of Oscar Wilde

La biographie d'Oscar Wilde par Neil McKenna,2003, est à l'image de sa couverture : colorée et irrévérencieuse.
A ce jour, elle reste pour moi la meilleure en dépit d'une étude littéraire trop superficielle. Mais le sujet n'est pas une critique de l'oeuvre, c'est la vie qui est matière. Et esprit.
En l'écrivant, Neil McKenna n'a pas bouleversé les études wildiennes  dans le sens où son travail est fidèle au corpus classique.
Il le dit lui même, son modèle  était le grand œuvre de Richard Ellmann, la biographie  d'Oscar Wilde, de référence publiée en 1987. Rien de fantaisiste  donc dans le récit, du factuel et un processus dramatique rôdé.

Mais, mine de rien, McKenna fait une révolution copernicienne. Il replace Oscar Wilde au centre d'une thématique gay.

 Rien de nouveau que cette évidence ? Au contraire dans la forme et dans le fond ; là ou Ellmann, et la cohorte de ses prédécesseurs et suiveurs,voient ce que McKenna appelle "une chute de la grâce hétéro"et une dérive homo, lui voit une acceptation et une affirmation de son être qui sous-tend sa vie et son œuvre.Et il décrit ce voyage intérieur comme une prise de conscience qui commence dès sa première jeunesse. Selon l'expression consacrée McKenna a "re-gayisé" l'icône gay qu'est Wilde.
Était-ce nécessaire ? Je le crois, au vu de l'orientation de certaines études qui s'ingénient à tirer dans le sens inverse.
Surtout, McKenna donne à lire un Wilde jeune et vivant, un être de chair et d'une intelligence intense. Et il tord aussi le cou à la vieille légende d'un Wilde syphilitique, qui a servi pendant trop longtemps à ajouter de la noirceur au drame.

 Une interview de Neil McKenna

The biography of Oscar Wilde written by Neil McKenna, in 2003,matches its cover: colored and disrespectful.
To date, it remains for me the best.
By writing it, Neil McKenna did not upside down the studies on Wilde and his work is faithful to the classic corpus.
He proclaims  his model was Richard Ellmann's great achievement, the biography of Oscar Wilde, published in 1987. Nothing fanciful thus in the narrative, only the factual and a dramatic process.
But, in between, McKenna makes a copernican revolution. He places Oscar Wilde in the center of a gay theme. Nothing new here? On the contrary, the point that Ellmann, just as the troop of his predecessors and followers, sees  as " a fall from  heterosexual grace " and a gay drift,  McKenna considers an acceptance and an assertion of his individuality.
 McKenna gives to read  a young and lively Wilde. And, at last but not at least, he  twists the neck in the old rumor of  a syphilitic Wilde, which served  for too long a  time to add  blackness to drama.


Véronique Wilkin

lundi 14 mai 2012

Ondine préraphaélite





Un nouveau livre illustré par Benjamin Lacombe est toujours un bonheur. Avec Ondine le bonheur est  préraphaélite revu par le talent de Benjamin, qui fait une fois encore référence au monde victorien dans son travail.
                                                          
Ondine est florale et délicate, dans la lignée des personnages féminins de John William Waterhouse et sa chevelure flamboyante n'est pas sans rappeler les héroïnes de Dante Gabriel Rossetti.

Elle est intensément rousse, comme les fées, les sorcières, les différentes que Benjamin Lacombe présentait déjà  avec Sebastien Perez dans la Généalogie d'une Sorcière.
 

 

















Oscar Wilde et Lord Alfred Douglas hantent aussi cette
Généalogie qui leur va bien. Discrètement et en inversant leurs prénoms, Benjamin et Sébastien faisaient apparaitre
le personnage d'Oscar sous les traits d'Alfred Douglas. Une jolie allusion pour un personnage trop frivole, la réputation de Bosie est ainsi.

























Un univers de contes, pas si enfantins, étranges et beaux,
 qui fait de Benjamin Lacombe un artiste très wildien.



Benjamin Lacombe à la BFM par 7ALimoges

The  talented Benjamin Lacombe's new illustrated book, Ondine, is placed under the sign of pre raphaelite aesthetics. His work is fueled with victorian references, and his Ondine has the slim delicacy of Waterhouse's models and her hair has the redness of Rossetti's heroines.
Benjamin is wildean by many aspects of his work, and in "Généalogie d'une sorcière" he offered a glimpse of Oscar and Alfred Douglas, inverting their names, creating a whimsical character.





samedi 5 mai 2012

Rachilde, sans contrefaçons



Avec sa frange et son air sage, Rachilde, est une frondeuse effrontée qui publie à vingt ans un roman qui fera scandale pour des décennies :
Monsieur Vénus.
En 1880, son héroïne Raoule de Vénérande, garçon dans l'âme et dandy,s'éprend d'un jeune homme lascif à la volonté faible Jacques Silvert. Dans ce couple androgyne, Raoule est le masculin, Jacques le féminin. Leur histoire, sur un décor décadent , est morbide, juste assez pour que les amoureux inversés soient de troublants maudits.
Rachilde aborde sans équivoque  les questions de genre et d'identité sexuelle qui feront, bien  plus tard,  les débats des études queer, mais elle les aborde en romancière, avec une désespérance pleine de fougue.


Au coeur du mouvement décadent, Rachilde tient un salon où se réunissent les écrivains et les artistes "fin de siècle". Oscar Wilde l'admire et son roman l'inspire. Dans la version non censurée du Portrait de Dorian Gray,  publiée l'année dernière, se trouve une allusion explicite à Monsieur  Vénus : le  mystérieux livre qui absorbe et bouleverse Dorian, et qui est une clé du roman, porte le nom de "Secret de Raoul".  Cette allusion  directe au livre de Rachilde sera gommée par la censure et le "livre dans le livre" qui influence si profondément Dorian ne portera plus de nom.
Mais l'empreinte de Raoule ne s'efface pas pour autant.

Rachilde porte haut les couleurs de la transgression.
Chevalier d’Éon de la littérature, elle est l'égérie baroque du refus  de suivre les codes, de défier les règles et de s'inventer une vie.  Un désir essentiel.

V.W

vendredi 4 mai 2012

Sanjay Leela Bhansali affiche Oscar Wilde dans son univers



Sanjay Leela Bhansali est  le réalisateur dont Oscar Wilde aurait pu rêver pour mettre ses contes en images.
Le même goût des images poétiques qui se succèdent,  des détails raffinés à l'extrême qui confinent à une esthétique saturée et onirique.
Entre l'écrivain irlandais et le réalisateur indien, il y a la connivence de ne rien concéder à la réalité si elle n'est pas au service de l'imaginaire et du symbolique.
Il n'est qu'à voir Devdas ou Saawariya pour rêver de ce que pourrait être la mise en image des mots de l'un par l'autre
Rien d'étonnant à ce que Sanjay Leela Bhansali ait  rendu un hommage appuyé à Wilde dans Saawariya justement, le plus onirique de tous ces films,  celui qui mêle au plus près les références littéraires et esthétiques occidentales et indiennes.
                                                                                  





Windermere, nom clé dans l’œuvre de Wilde, s'inscrit dans le décor de la ville imaginaire, lieu clos et fantasmagorique où évoluent les personnages.

C'est  aussi devant le nom de Windermere que la prostituée danse son amour inaccessible, reprenant le thème  wildien de La maison de la Courtisane.




Revue dans la tradition indienne et corrigée par les critères de Bollywood, la courtisane danse pour le poète, perdu dans un rêve amoureux  fait de pureté dont elle connait la vanité
Étrange mélange, mondes réunis dans la ville close, oppressante et enchantée de Saawariya.