Sanjay Leela Bhansali est le réalisateur dont Oscar Wilde aurait pu rêver pour mettre ses contes en images.
Le même goût des images poétiques qui se succèdent, des détails raffinés à l'extrême qui confinent à une esthétique saturée et onirique.
Entre l'écrivain irlandais et le réalisateur indien, il y a la connivence de ne rien concéder à la réalité si elle n'est pas au service de l'imaginaire et du symbolique.
Il n'est qu'à voir Devdas ou Saawariya pour rêver de ce que pourrait être la mise en image des mots de l'un par l'autre
Rien d'étonnant à ce que Sanjay Leela Bhansali ait rendu un hommage appuyé à Wilde dans Saawariya justement, le plus onirique de tous ces films, celui qui mêle au plus près les références littéraires et esthétiques occidentales et indiennes.
Windermere, nom clé dans l’œuvre de Wilde, s'inscrit dans le décor de la ville imaginaire, lieu clos et fantasmagorique où évoluent les personnages.
C'est aussi devant le nom de Windermere que la prostituée danse son amour inaccessible, reprenant le thème wildien de La maison de la Courtisane.
Revue dans la tradition indienne et corrigée par les critères de Bollywood, la courtisane danse pour le poète, perdu dans un rêve amoureux fait de pureté dont elle connait la vanité
Étrange mélange, mondes réunis dans la ville close, oppressante et enchantée de Saawariya.