A ce jour, elle reste pour moi la meilleure en dépit d'une étude littéraire trop superficielle. Mais le sujet n'est pas une critique de l'oeuvre, c'est la vie qui est matière. Et esprit.
En l'écrivant, Neil McKenna n'a pas bouleversé les études wildiennes dans le sens où son travail est fidèle au corpus classique.
Il le dit lui même, son modèle était le grand œuvre de Richard Ellmann, la biographie d'Oscar Wilde, de référence publiée en 1987. Rien de fantaisiste donc dans le récit, du factuel et un processus dramatique rôdé.
Mais, mine de rien, McKenna fait une révolution copernicienne. Il replace Oscar Wilde au centre d'une thématique gay.
Rien de nouveau que cette évidence ? Au contraire dans la forme et dans le fond ; là ou Ellmann, et la cohorte de ses prédécesseurs et suiveurs,voient ce que McKenna appelle "une chute de la grâce hétéro"et une dérive homo, lui voit une acceptation et une affirmation de son être qui sous-tend sa vie et son œuvre.Et il décrit ce voyage intérieur comme une prise de conscience qui commence dès sa première jeunesse. Selon l'expression consacrée McKenna a "re-gayisé" l'icône gay qu'est Wilde.
Était-ce nécessaire ? Je le crois, au vu de l'orientation de certaines études qui s'ingénient à tirer dans le sens inverse.
Surtout, McKenna donne à lire un Wilde jeune et vivant, un être de chair et d'une intelligence intense. Et il tord aussi le cou à la vieille légende d'un Wilde syphilitique, qui a servi pendant trop longtemps à ajouter de la noirceur au drame.
Une interview de Neil McKenna
The biography of Oscar Wilde written by Neil McKenna, in 2003,matches its cover: colored and disrespectful.
To date, it remains for me the best.
By writing it, Neil McKenna did not upside down the studies on Wilde and his work is faithful to the classic corpus.
He proclaims his model was Richard Ellmann's great achievement, the biography of Oscar Wilde, published in 1987. Nothing fanciful thus in the narrative, only the factual and a dramatic process.
But, in between, McKenna makes a copernican revolution. He places Oscar Wilde in the center of a gay theme. Nothing new here? On the contrary, the point that Ellmann, just as the troop of his predecessors and followers, sees as " a fall from heterosexual grace " and a gay drift, McKenna considers an acceptance and an assertion of his individuality.
McKenna gives to read a young and lively Wilde. And, at last but not at least, he twists the neck in the old rumor of a syphilitic Wilde, which served for too long a time to add blackness to drama.
Véronique Wilkin